La Vmax, ou le Vmax, on dit comme on veut hein !
On s'en fout, l'essentiel, c'est qu'il ait été un jour inventé.
J'ai acquis le mien, un noir avec les pots chromés, en 1998, en très bel état. Il avait 9 mois et affichait 3700 km.
Je l'ai gardé strictement d'origine pendant de nombreuses années pour me démarquer de tous ceux qui avaient franchi le pas de la customisation avec plus ou moins de bonheur.
Il faut bien avouer que l'on a vu tout et n'importe quoi réalisé sur base de Vmax.
Même si je conçois que les goûts et les couleurs ne se discutent pas, la beauté de certaines réalisations contraste fortement avec la laideur de nombreuses transformations. Quant aux choix techniques, ils sont soit étonnants, soit discutables ou dangereux.
Jusque là, tout est très logique, c'est dans les lignes qui suivent que ça va se gâter...
Un jour l'envie m'a pris d'avoir un café racer.
Un vrai comme on en voit sur les salons et sur le papier glacé des beaux magazines.
Je voulais que le rêve de poser mes fesses sur un tel engin
devienne ma réalité, en posséder un bien en relief et bien vivant.
Je voulais un truc unique qui laisserait les chanceux incrédules admirer la majesté de l'équipage passant sous leurs yeux, remerciant le créateur de leur avoir permis de jouir de la volupté d'une telle vision dont l'éphémère restera à tout jamais gravé au plus profond de leur mémoire.
Je voulais un truc qui ne laisse pas non plus les vrais amateurs indifférents, qui attise leur curiosité, mais aussi leur inspire le respect méfiant que l'on doit à l'engin que l'on craint de ne pouvoir maîtriser.
Alors le germe a poussé dans mon cerveau ébulissant (oui, ça se dit, la preuve, tu viens de le lire ...) de la construction d'un café racer autour d'un moteur de Vmax.
Et l'idée a fait son chemin, mais pourquoi ce choix ?
Y en a d'autres des bécanes qui me font de l’œil en douce, qui tentent de me séduire en exhibant leurs chromes étincelants et en rythmant leurs "poum poum poum", "vroap vroap vroarr" ou "Ouinne Ouinne Ouinnnne" jubilatoires.
Et bien la raison est évidente : parce que ce moteur est extraordinaire, tout simplement !
Jamais après avoir essayé une autre moto, même bien plus puissante, je n'ai repris mon Vmax sans penser immanquablement : "Tout de même, ce V4, quel moteur !!!"
La faculté qu'il a de reprendre vigoureusement dès les plus bas
régimes et de propulser instantanément son pilote n'est pas racontable, elle est incontestable, unique !
Les sensations qu'il donne ne sont ni imaginables ni palpables pour qui n'a jamais eu la chance de le dompter.
Capable de violence, il sait aussi faire preuve d'une grande douceur de fonctionnement, son murmure au ralenti enchante les oreilles.
Sa consommation en usage routier est très raisonnable, son coût d'entretien plutôt faible.
Sa fiabilité est prouvée et reconnue.
Tout cela en fait un excellent compagnon de route.
Et pourtant, on en a entendu dire et on en a lu des conneries écrites sur cette magnifique machine !
"Et que je suis pas capable de faire 100 bornes sans faire le plein, et que ça tient pas la route, et que c'est trop gros, et que c'est bon que pour la frime ..."
La vérité, c'est que faire 200 kilomètres avant de tomber en réserve, c'est une habitude. Mais n'est-ce pas pile poil quand nos chairs fessières réclament un moment de détente ?
La vérité, c'est qu'un Vmax tient très bien la route. Toute la route, certes, mais ne faut-il pas respecter le travail des employés de la voirie dans son intégralité ?
La vérité, c'est que ceux qui la trouvent trop grosse ou trop lourde n'avaient qu'à mettre des lunettes avant de l'acheter. Et puis, toi, tu ne trouves pas ça valorisant d'avoir un gros engin entre les jambes ?
Quant à la frime, bon, ben, euh, là, ok ... je veux bien admettre ... faut regarder la vérité en face, mais c'est pas que pour ça !
La vérité vraie, c'est qu'elle en a envoûté plus d'un et que je fais partie de ceux-là.
Mon projet a été réalisé avec un cahier des charges auquel je n'ai pas dérogé, et je suis étonné et fier d'être arrivé au but que je m'étais fixé comme un défi.
Je me suis dès le départ obligé à obtenir un café racer monoplace, de dimensions et de poids réduits, qui tient vraiment le parquet, qui freine réellement bien et qui respecte la réglementation routière, notamment en matière de nuisances sonores.
Une dernière grosse difficulté a été de laisser le cadre sans modifications, de manière à pouvoir revenir à la configuration d'origine de la moto sans forcer.
Hors de question de déroger à la sécurité !
C'est pour cela que les trains roulants et les suspensions ont été modernisés.
C'est pour cela que le moteur est resté en configuration légale.
Je ne voulais pas d'un résultat sans phare, sans rétroviseurs, sans clignotants, sans feux, sans compteur, sans plaque d'immatriculation comme on en voit beaucoup dans la presse spécialisée.
Cela n'est pas un reproche et j'admire les réalisations de salon, mais ce que je voulais, c'est pouvoir rouler et profiter le nez au vent de mon travail.
J'avais trois fils conducteurs : mettre en valeur le moteur, faire de l'écrou de serrage de la colonne de direction le point le plus haut de l'engin, intégrer des éléments réglementaires discrets et efficaces.
Cela n'a pas été facile et le projet a mis du temps à aboutir.
Aujourd'hui, la moto roule, elle comble mes espérances.
J'ai plus de 4000 km au compteur cette année, dont un tour vers l'Espagne de 2500 km.
La finition n'est pas parfaite et de petites modifications vont nécessairement être entreprises, mais elles seront minimes.
Le monstre est né, et bien né, il vit !!
Il n'est jamais très propre, ben oui, il roule aussi sur le mouillé !
Bon, assez jacassé !
Voici les photos que tu attends :
Vmax Café Racer |
Vmax Café Racer |