Histoires vécues

Un samedi de mai 2014, j'ai pris la route sous des trombes d'eau pour joindre Pau depuis Clermont-Ferrand, lieu de rencontre du Vmax Club de Paris qui organisait son énième Vmax Tour.
Peu avant Brive, le soleil et la chaleur ont fait leur apparition, l'occasion de mettre un peu de gaz pour sécher et rattraper le retard pris depuis le matin. Un de ces moments où l'on aime à jouer avec l'air qui arrive dans la poire, où l'on s'applique à tirer de belles courbes bien propres avec un œil sur le bas côté pour détecter ces saloperies de radars.
C'est qu'il ne restent que 400 bornes à avaler et il est déjà 14h30.
A la sortie de Brive, au bout de deux bonnes heures de nationale très humide et venteuse, je casse mon câble d'accélérateur en doublant un poids lourd sur la quatre voies Brive-Toulouse
Par chance et sur la lancée (y avait ce qu'il fallait ...), j'arrive à sortir à la première bretelle qui me tend les bras.
Arrêté comme une larve sur le bas côté, je téléphone à Yamaha Brive (vive le smartphone!) en espérant qu'ils pourront me dépanner. Loin de cela, on m'explique que pas que ça à foutre, que pas de câble en stock de toute façons. Mais par chance, on m'indique que pas loin de là où je gis lamentablement dans le caniveau se trouve un magasin de cycles très réputé, et qu'ils sauront bien me dépanner.
Je suis furax, je vais leur faire de la pub à ces vendeurs de motos neuves, mais bon, aussi, je n'avais qu'à pas prendre la route avec un câble qui ne tenait que par un petit fil. Ça se vérifie ces choses là de temps en temps, non ?
Comment faire sans accélérateur pour rallier ce magasin, que j'ai repéré sur Google Earth ( re vive le Smartphone !)
Pousser la moto sur 2 bornes ? Non mais ça va pas, y fait trop chaud, je suis habillé pour la pluie et la mémère chargée doit bien faire son quart de tonne.

Et me voilà parti sans accélérateur, juste en ayant monté un peu le ralenti. Première, deuxième, troisième, ça le fait ! Ce moteur a plus d'un tour dans son sac. Ça monte un peu, pas de problème, un rétrogradage en seconde et c'est bon. 
Je me marre tout seul à califourchon sur mon pur sang devenu mulet, mais rien n'est encore réparé.
Bon, y a deux trois cons qui klaxonnent, je m'en fous, z'ont qu'à doubler et m'envoyer leur merde de gasoil dans le pif.

J'arrive au magasin indiqué.
Belle devanture, j'entre et le gars à l'entrée derrière le comptoir a vite fait de comprendre que je ne viens pas acheter un vélo. C'est le patron, je saurais plus tard qu'il a fait quelques tours de France, et pas à la voile....
Prise en charge immédiate, bonjour, keskispasse, yaka aller voir le chef d'atelier.
Ah ! En voilà un bouclard comme on les aime, ça sent bon le professionnel qui aime son boulot.
Je trouve le chef d'atelier tout au fond du magasin, dans son monde d'outils, d'établis, de senteur de bonne graisse et de métal travaillé. 
Alors voilà, je raconte toute l'histoire, que s'il ne m'aide pas, j'ai plus qu'à aller à la SPA, que ceci, que cela ...
Tout le monde se déplace vers la moto et je commence à démonter tout le bazar.
Verdict, câble cassé au raz de la cocotte, ch'suis pas dans la mouise !
Et là, le chef d'atelier, voyant le problème, me suggère de remplacer par un câble de dérailleur, de toute manière, c'est ce qu'il a de plus solide avec les embouts qui vont bien.
Ouais, mais d'un côté y a un embout, OK, mais de l'autre ?
Et le v'là qu'il me dit que pas de problème, y faut mettre un serre-câble !
Bon OK, et t'en as des serre-câbles ? Ah ben oui, je les fabrique à partir de dominos électriques !
Ah ben c'est pas con, ça permet d'avoir deux vis de serrage du câble au lieu d'une, un vieux truc de cycliste, apparemment.
Alors c'est parti, et que je te trouve le câble "Kivabien", que je te coupe deux dominos en deux parce que si on le fait pas, y passe pas dans la cocotte. 
Et me v'là avec mon câble de dérailleur, coincé comme l'origine dans la boite de dérivation, et de l'autre côté cheminant comme il peut dans la cocotte, coincé par trois serre-câbles maison.

Et là je dis BRAVO !!!


Combien je vous dois ?

Ben un câble à 4 €, c'était un plaisir !

Et là, je dis REBRAVO !!!


Voilà la photo du montage après 3400 km parcourus, rien n'a bougé et je me demande si ce n'est pas plus solide que le câble d'origine :



Et voilà la photo de mes sauveurs !
(En plus d'être sympas, ils sont heureux de poser devant un engin unique)
De gauche à droite, le chef mécano bricole-tout, le fils du patron et le patron

UN GRAND MERCI !

Encore une preuve que c'est dans l'adversité que se forgent les meilleurs souvenirs